« Un photographe, c’est combien? Un photographe, c’est cher pour appuyer sur un bouton! Si vous me faites des photos gratuitement, je ferai votre pub! »
3 expressions (parmi d’autres expressions semblables) que j’entends couramment dans mon métier, et que je vois passer souvent dans les groupes de « prestataires mariages bon marché ».
Oui, si je me mets à la place du client, il a totalement raison : un photographe est payé pour appuyer sur un bouton. Alors, pourquoi payer plus cher un photographe, qui d’autant plus pourrait être remplacé par un cousin ou un ami?
De par ce que j’ai vu dans le milieu, je peux vous affirmer que le choix d’un photographe bon marché peut devenir… très cher. En effet, un photographe qui travaille « au black » et qui n’a pas de contrat, ne peut apporter aucune garantie auprès des clients (voire se désister au dernier moment sans rembourser l’acompte versé), sans oublier qu’il peut être dénoncé aux autorités en cours de mission (au black = illégal). Un photographe « pas cher » peut aussi vous délivrer des photos assez décevantes. Un client potentiel avec qui j’ai eu l’occasion de discuter (et qui avait choisi un photographe « pas cher ») m’a avoué avoir été très déçu de la qualité des photos, après avoir pris connaissance de mon style photographique.
Et c’est précisément là, que l’on doit comprendre ce que contient réellement le prix d’un photographe, par différence avec un proche… Ces mêmes enjeux sont identiques pour d’autres prestataires, dont les clients ignorent beaucoup de choses!
Alors, lorsqu’un photographe (déclaré) propose son tarif, ça peut paraître « hors-budget » de prime abord. Mais que comprend son tarif? Nous allons nous baser sur une prestation d’un mariage complet (allant des préparatifs jusqu’au gâteau) proposé au client pour 2000€ (avec album simple et galerie en ligne). Cela ne représente pas mes tarifs, mais c’est une idée du prix moyen qu’un photographe peut demander.
EN TERMES DE COÛTS
1. Un photographe déclaré paie la TVA et les charges sociales (qui peuvent représenter pratiquement la moitié de la facture payée par le client). Cela représente environ 40 à 50% de la facture.
2. Il investit dans des formations pour se maintenir à niveau et offrir une qualité de service la plus élevée possible. Ces formations représentent chacune plusieurs milliers d’euros (et ne sont pas financées par la FAFCEA comme ça l’est en France). Il sera dès lors difficile de demander un photographe « pas cher » et d’avoir un haut niveau de qualité. En moyenne, cela représente un coût d’investissement de 1000 à 1500€ par an. Le photographe qui veut délivrer un haut niveau de service se forme continuellement.
3. Il investit dans du matériel coûteux. Si je prends l’exemple des photographes de mariage, le photographe peut utiliser l’équivalent de 10000€ de matériel sur place, ce qui représente : 2 boîtiers (en moyenne 2500€ par boîtier), 2 objectifs (allant de 1000€ à 3000€ par objectif), 2 flashs (environ 500€ par flash), au moins 4 cartes mémoires (des cartes-mémoire d’excellente qualité avec une vitesse de lecture/écriture très rapide), une bonne sangle confortable (pour tenir sur toute la journée). Chez lui, le photographe doit encore investir dans du matériel informatique très coûteux (entre 2000 et 4000€ pour une bonne machine capable d’exploiter des logiciels de travail de l’image gourmands en ressources). En sachant que ce matériel ne s’achète pas dans des supermarchés mais dans des magasins spécialisés (et que la qualité a un prix), il va de soi que le prix de la prestation sera assez conséquent puisque le photographe doit amortir son matériel (via un financement étalé en général sur 3 ans). La souscription à une assurance pro est souvent recommandée pour ce genre de matériel. On est à une mensualité qui avoisine les 300 à 500€ par mois.
4. Il investit dans des abonnements et dans des services. Personnellement, je suis abonné à des licences me permettant d’utiliser des programmes de développement/retouche photo, à un service me permettant de proposer des galeries en lignes pour mes clients. Pour garantir ma prestation auprès des clients, je délivre un contrat (rédigé par un avocat). Ce contrat représente un coût de plusieurs centaines d’euros). Le coût moyen. pour un photographe de mariage « ordinaire » est dans la fourchette des 700€ par an (et plus s’il désire investir dans des campagnes marketing pour trouver de nouveaux clients).
5. Le photographe paie le prix de l’album au labo, pour ensuite le remettre aux mariés.
EN TERMES DE TEMPS
La prestation du photographe pour un mariage complet débute en général à 9h (heure des préparatifs – coiffure, maquillage et habillage) pour se terminer à la présentation de la pièce montée (le gâteau) qui a lieu (en théorie) vers minuit (mais plutôt vers 1h-2h du matin avec le retard), sans oublier le déplacement. Cela revient à une prestation d’environ 16-18 heures de travail sur le terrain.
Ensuite, après le mariage, il y a le travail de tri et de développement parmi les 2000 photos réalisées (avec – en général – 500 photos remises aux mariés). Cela représente encore environ 12 à 14 heures de travaiL Il y a la création de l’album (qui représente en général 4 à 5 heures de travail). Nous en sommes pour un total de 35 heures (sans compter le rendez-vous chez les mariés pour faire connaissance et discuter du planning).
POUR CONCLURE
Après avoir enlevé les frais de déplacement, l’album photo, l’amortissement du matériel, le prix des abonnements pour utiliser les logiciels de développement/retouche, la TVA et cotisations sociales, Il lui reste (sur les 35 heures de travail total) en moyenne 400€ pour subvenir à ses besoins sur 1 semaine (soit en moyenne 11€ de l’heure)
Encore une fois, cet article n’est pas rédigé dans un esprit de « reproche » ou de « culpabilité » vis-à-vis des clients qui ne veulent pas payer cher. Au contraire, c’est dans le but de vous dévoiler la réalité de ce que nous vivons la plupart du temps…
N’hésitez pas à me contacter si vous avez des interrogations par rapport à cela, c’est avec plaisir que je pourrai en discuter avec vous!